Comprendre la Théorie Polyvagale de Stephen Porges
- Admin
- 12 nov.
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La manière dont notre corps réagit au stress et aux émotions est souvent mystérieuse. Pourtant, comprendre ces réactions peut transformer notre façon de gérer nos relations, notre santé mentale et notre bien-être. La Théorie Polyvagale, développée par le neuroscientifique Stephen Porges, offre une nouvelle perspective sur le rôle du système nerveux autonome dans nos émotions et comportements. Ce concept, encore peu connu du grand public, éclaire pourquoi nous réagissons parfois de manière intense ou paradoxale face à certaines situations.
Dans cet article, nous allons explorer cette théorie, ses fondements, ses implications pratiques, et comment elle peut nous aider à mieux comprendre nos émotions et celles des autres.

Illustration du nerf vague et de ses branches dans le cerveau humain
Qu’est-ce que la Théorie Polyvagale ?
La Théorie Polyvagale repose sur l’étude du nerf vague, un nerf crânien majeur qui joue un rôle central dans la régulation de notre système nerveux autonome. Ce système contrôle les fonctions involontaires comme la respiration, la fréquence cardiaque, la digestion, et les réactions au stress.
Stephen Porges a découvert que le nerf vague n’est pas un simple canal unique, mais qu’il possède plusieurs branches avec des fonctions distinctes. Ces branches influencent notre état émotionnel et notre comportement social.
Les trois états du système nerveux selon la théorie
Porges décrit trois états principaux qui correspondent à différentes réponses physiologiques :
Le système ventral vagal : associé à la sécurité, la connexion sociale, et la régulation émotionnelle. Il favorise le calme, la communication et l’engagement avec les autres.
Le système sympathique : lié à la mobilisation, la réaction de lutte ou de fuite face au danger. Il prépare le corps à l’action rapide.
Le système dorsal vagal : responsable de la réponse d’immobilisation ou de gel, souvent déclenchée en cas de menace extrême ou d’impuissance.
Ces trois états ne sont pas fixes. Notre corps passe naturellement de l’un à l’autre selon les circonstances, mais certains traumatismes ou stress chroniques peuvent déséquilibrer ce système.
Comment la Théorie Polyvagale explique nos réactions émotionnelles
Les émotions ne sont pas seulement des expériences mentales. Elles sont profondément enracinées dans notre physiologie. La théorie montre que notre capacité à ressentir, exprimer et réguler nos émotions dépend de l’état de notre système nerveux autonome.
Exemple concret : la peur et la réaction d'immobilisation
Imaginez une personne confrontée à une situation effrayante, comme un accident de voiture. Son système sympathique s’active d’abord, provoquant une accélération du rythme cardiaque et une montée d’adrénaline pour fuir ou se défendre.
Si la menace devient trop intense ou inévitable, le système dorsal vagal peut prendre le relais, provoquant un état de gel ou d’engourdissement. Cette immobilisation est une stratégie de survie, mais elle peut aussi expliquer pourquoi certaines personnes se sentent "paralysées" face à un traumatisme.
La sécurité comme clé pour revenir au calme
Le système ventral vagal est essentiel pour revenir à un état de calme et de connexion. Il est activé lorsque nous nous sentons en sécurité, entourés de personnes bienveillantes. C’est ce système qui permet de retrouver un rythme cardiaque régulier, une respiration apaisée, et une capacité à communiquer.
L’impact de la Théorie Polyvagale sur la santé mentale
Cette théorie a des applications concrètes dans le domaine de la psychologie et de la thérapie. Elle aide à comprendre pourquoi certaines personnes ont du mal à gérer le stress ou à se sentir en sécurité.
Le rôle dans les troubles anxieux et le stress post-traumatique
Les personnes souffrant de troubles anxieux ou de stress post-traumatique (TSPT) peuvent rester bloquées dans un état de mobilisation excessive (sympathique) ou d’immobilisation (dorsal vagal). Cela explique des symptômes comme l’hypervigilance, la dissociation, ou la difficulté à se connecter aux autres.
Approches thérapeutiques basées sur la théorie
Des techniques comme la thérapie somatique, la respiration consciente, ou les exercices d’engagement social visent à stimuler le système ventral vagal. Ces méthodes aident à restaurer un sentiment de sécurité et à réguler les émotions.
Par exemple, la pratique de la cohérence cardiaque, qui consiste à contrôler sa respiration pour ralentir le rythme cardiaque, active le nerf vague ventral et favorise le calme.
Comment utiliser la Théorie Polyvagale au quotidien
Comprendre cette théorie peut transformer notre manière de gérer nos émotions et nos relations.
Reconnaître ses propres états
Apprendre à identifier quand notre corps est en mode lutte, fuite, gel ou connexion est un premier pas. Par exemple, si vous ressentez une tension musculaire, un rythme cardiaque rapide, ou un sentiment d’engourdissement, cela peut indiquer un état de stress lié à une activation sympathique ou dorsale.
Techniques pour revenir à un état de sécurité
Respiration profonde et lente : aide à activer le système ventral vagal.
Contact visuel et sourire : favorisent la connexion sociale.
Mouvements doux : comme le balancement ou l’étirement, pour apaiser le système nerveux.
Créer un environnement sûr : un espace calme, des sons apaisants, ou la présence d’une personne de confiance.
Améliorer ses relations grâce à la théorie
La théorie explique pourquoi certaines interactions sociales sont apaisantes alors que d’autres déclenchent du stress. En étant attentif aux signaux corporels de soi et des autres, on peut mieux ajuster sa communication.
Par exemple, face à une personne en détresse, adopter une posture ouverte, parler calmement, et maintenir un contact visuel peut aider à activer son système ventral vagal et faciliter l’apaisement.
Les limites et critiques de la Théorie Polyvagale
Comme toute théorie, celle de Porges n’est pas exempte de critiques. Certains chercheurs soulignent que les mécanismes décrits sont encore en cours d’étude et que les applications cliniques doivent être validées par des recherches supplémentaires.
Néanmoins, la théorie offre un cadre utile pour comprendre la complexité des réactions humaines face au stress et aux émotions.




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